Berliner EnsembleIn memoriam Bruno Ganz
Un dernier sourire, un apprentissage
De la délicatesse exposé au public.
Une démonstration du charme
De savoir trébucher aussi.
D’être soi, d’être ému, sympathique et timide.
Ce bis non préparé d’une dernière histoire
D’amour – lue dans Robert Walser,
Absent et tendre, infiniment présent.
Du parterre au balcon les yeux les ouïes plongeaient
Sur le rond de lumière et la petite chaise.
Simplement un lecteur, de tout petites
Histoires de rien du tout, d’amour !
À peine un verre à sa portée.
Tous buvaient ses paroles. Flottait alors
Un esprit dans la salle.
Mais tout succès a son revers, car tant
Acclama la foule spectatrice, avide à sa façon,
Qu’il fallut bien se lancer dans un bis :
Une dernière histoire avant de repartir…
Et bredouiller un peu : il n’avait pas pensé
À un tel engouement lui sur sa chaise assis
Tout simplement assis un soir, dans un théâtre, seul.
Unissant la magie à la fragilité.
16.11.20